Interview de Frédéric Poulain, commandant le 1er Régiment d’Infanterie de la Garde Républicaine

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09 novembre 2020 – Miss Konfidentielle casse ses codes pour l’interview de Frédéric Poulain, commandant le 1er Régiment d’Infanterie de la Garde Républicaine. Une rencontre pleine d’enthousiasme et d’humour au sein même de la Caserne RATHELOT. C’est autour d’un déjeuner hors période de confinement que l’interview s’est réalisée en toute spontanéité. Inutile de vous préciser qu’il est compliqué d’apprécier des mets délicats tout en prenant des notes ! Voici le récit de ce moment de partage.

Bonjour Frédéric,

Merci à vous de me consacrer du temps lors d’un déjeuner. Je ne vous cache pas que cela ne va pas être facile de vous interviewer autour d’une bonne table. Aussi, je vous propose de me parler naturellement de vous, de votre parcours, de ce qui vous semble pertinent de dire … Et je publierai principalement de mémoire ce qui m’aura le plus marqué. Cette suggestion vous convient-elle ?

Oui, c’est une bonne idée. Cela change des interviews que vous publiez habituellement. J’ai bien fait de vous inviter à déjeuner !

Alors je me lance de manière tout à fait spontanée. Je vous fais confiance.

Je suis originaire du Berry, de Châteauroux (36) pour être précis. J’ai grandi avec une sœur, de neuf ans mon aînée et des parents d’une grande simplicité qui ont le sens des valeurs. Ils m’ont donné le goût de l’effort et de l’engagement.

Petit, j’étais déjà attiré par l’uniforme de gendarme sans pour autant fréquenter l’Institution. J’ai suivi une scolarité classique jusqu’à la fac de droit. Un gendarme du Centre d’Information et de Recrutement d’Orléans est intervenu dans mon amphi. Depuis ce jour, je n’avais plus aucun doute : j’allais m’engager en gendarmerie. J’avais en tête de devenir officier.

C’est ainsi qu’en juin 1993, j’intègre le Centre d’Instruction des Gendarmes Auxiliaires d’Auxerre.
En mai 1995, j’ai reçu ma première affectation en brigade territoriale à Le Blanc (36).

J’ai poursuivi ma formation à l’école de sous-officier au Mans et en suis sorti bien classé.

En mai 1996, j’ai intégré la Garde républicaine : le 1er Régiment d’Infanterie. Un privilège d’accomplir des missions d’honneur et de sécurité au profit des plus hautes autorités de l’État. C’est aussi un métier dur et méconnu avec un rythme soutenu, éprouvant pour l’organisme.
Parallèlement, j’ai fait partie du quadrille des baïonnettes (formation spéciale du 1er régiment).

La garde républicaine m’a permis de préparer le concours d’officiers. A l’issue de trois années de formation dans cette belle école de Melun, j’ai choisi de servir, en 2002, en qualité de 1er adjoint au sein de la  compagnie de gendarmerie départementale de Rambouillet. J’y ai beaucoup appris.

Puis de 2005 à 2008, j’ai eu l’honneur de commander la compagnie de gendarmerie départementale de Porto-Vecchio. J’ai été confronté à l’époque à beaucoup d’attentats, d’assassinats et de délinquance d’appropriation en période estivale notamment.

J’ai appris à découvrir la Corse, les Corses et leurs valeurs. Je conserve un excellent souvenir de cette période ainsi qu’un bon ami.

En 2008, j’ai vécu ma première expérience en administration centrale. J’ai passé quatre années au bureau de la formation de la direction générale. Une expérience forte.

En 2012, j’ai exercé les fonctions d’adjoint au commandant du groupement de gendarmerie départementale de l’Ain. Un groupement peu connu car son activité est masquée par l’Isère, le Rhône et les 2 Savoie. On rencontre toutes les problématiques de la gendarmerie (flux routiers, la problématique nucléaire avec le CNPE du Bugey, la délinquance transnationale avec la Suisse, la montagne, la zone de sécurité prioritaire de Méribel).

L’année 2017 est une année marquée par mon arrivée au sein du cabinet du directeur général de la gendarmerie nationale en qualité de chef du bureau du cabinet.
J’en retire l’honneur d’avoir côtoyé les plus grands et les plus humbles. Ils m’ont donné envie de donner le meilleur. Cela a été trois années intenses aux côtés des deux directeurs généraux de la gendarmerie nationale : le général d’armée Richard LIZUREY puis le général d’armée Christian RODRIGUEZ.
Nous avons vécu l’ouragan Irma, Notre-Dame-des-Landes, l’attaque terroriste de Trèbes, les manifestations des gilets jaunes, la COVID-19…

En ces périodes de crises de haute intensité, la gendarmerie n’a pas vacillé, a fait face sereinement, démontrant sa pleine résilience.

La gendarmerie nationale offre une grande possibilité de progression hiérarchique. De telles opportunités ne peuvent avoir lieu sans l’impulsion de grands visionnaires que sont nos directeurs généraux qui se succèdent. Chacune et chacun d’entre nous est acteur de son parcours professionnel. L’effort et le travail paient en gendarmerie.

J’en viens à ce qui m’occupe aujourd’hui.

Interview de Frédéric Poulain par Miss Konfidentielle © Valérie Desforges

Depuis le 1er août 2020, j’ai l’honneur de commander le 1er régiment d’infanterie de la garde républicaine. C’est la première fois qu’un commandant de régiment exerce cette fonction après avoir exercé celle d’un garde en compagnie de sécurité et d’honneur.

Mon chef, le général de division Eric Bio Farina, commande la garde républicaine à l’effectif d’environ 3000 personnels.

La mission du régiment se résume en trois points :

  • Assurer la sécurité de la Présidence de la République
  • Rendre les honneurs militaires aux plus grandes autorités de l’État
  • Assurer des renforts ponctuels au profit de la gendarmerie départementale.

Pour y parvenir, plusieurs unités me sont rattachées :
– 3 compagnies de sécurité et d’honneur (dont une constituée de pelotons d’intervention);
– la musique de la garde républicaine;
– l’escadron motocycliste de la garde républicaine;
– la compagnie de sécurité et d’honneur de la Présidence de la République.

Mon objectif est de valoriser ce beau régiment aux traditions bien ancrées tout en incarnant un esprit moderne et novateur.

Au quotidien, je ne conçois pas mes missions sans me préoccuper des subordonnés. C’est-à-dire donner du sens à leur action, répondre à leurs questions, susciter l’adhésion, les rendre acteurs de leur carrière. Le volet humain du commandement est incontournable. Il nous permet de tous être en phase et d’obtenir le meilleur de chacune et de chacun.

Pour être direct, je veux tirer le régiment vers le haut, dans la continuité du travail réalisé par mes prédécesseurs. Faire en sorte qu’il rime avec excellence.
On se doit d’honorer les plus hautes autorités de l’État et de porter les protocoles de L’État à leurs plus hauts niveaux.

Je sais que vous appréciez la note personnelle pour lire vos interviews, alors j’anticipe une éventuelle question (sourire).

Le foyer familial est le socle sans lequel il serait difficile de réussir. Mon épouse a sacrifié une partie de sa carrière et je l’en remercie. Aujourd’hui, elle est cadre dans le secteur bancaire et cela lui plaît.

Mon fils vient d’intégrer un lycée militaire en classe de seconde.

Dès que nous le pouvons, nous passons du temps dans la Creuse.
J’aime bricoler, jardiner, faire des BBQ, la course à pied (semi-marathon) et la gastronomie.

J’ai eu un coup de cœur pour la Corse, et ses falaises à Bonifacio.
J’adore Louis de Funès, les films de Michel Audiard dont les tontons flingueurs évidemment, Jean-Paul Belmondo… les classiques du cinéma français tout simplement !

Finalement, j’ai beaucoup parlé !

Et oui ! Une bonne table et une écoute bienveillante, cela ne peut que vous aider (sourire). Un grand remerciement pour cet exercice de style. La gendarmerie a le plus souvent une image stricte. Pour autant se cache derrière chaque gendarme une sensibilité qui gagne à être connue.


Note importante :
Il est obligatoire d’obtenir l’autorisation écrite par Valérie Desforges, auteur de l’interview, avant de reproduire tout ou partie de son contenu ainsi que les photos, sur un autre media.

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