Tribune de Nicolas Bénévent, Chef du bureau media au SIRPA-G – Cérémonie de fin de scolarité de la 127ème promotion GDI MOREL et baptême de la 128ème promotion baptisée Combat de Pontlieue

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En présence du ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin se tenait le 30 juin 2022 à l’EOGN un événement marquant de la Gendarmerie nationale, à savoir la cérémonie de fin de scolarité de la 127ème promotion GDI MOREL et le baptême de la 128ème promotion baptisée Combat de Pontlieue

L’occasion de rencontrer le général Christian Rodriguez, DGGN, le général Laurent Bitouzet, commandant de l’Ecole des Officiers de la Gendarmerie nationale (EOGN) et le colonel Nicolas Bénévent, chef du bureau media au SIRPA-G (Service d’information et de relations publiques des armées-gendarmerie).

Curieuse de comprendre les fondamentaux de l’événement et attachée à vous transmettre des sujets de qualité, de culture générale, de patrimoine, et de l’Arme, j’ai proposé à Nicolas Bénévent de nous éclairer cet été et je le remercie de manière appuyée.

La 127ème promotion GDI MOREL

La tradition veut que le parcours d’une promotion à l’Ecole des officiers de la Gendarmerie nationale soit rythmé par des moments solennels. La cérémonie de fin de scolarité de la promotion « Général de division Morel » et de baptême de la 128ème promotion qui s’est déroulée le 30 juin dernier constitue assurément l’un des temps forts de la scolarité. Il est en effet considéré qu’une promotion naît officiellement par son baptême : en se voyant attribuer un nom, elle s’engage à perpétuer la mémoire de l’Arme en honorant un officier au parcours exemplaire ou un fait d’armes remarquable. Dans le cas de la 128ème promotion, c’est le combat de Pontlieue qui a été choisi.

Le choix du combat de Pontlieue comme nom de promotion est un choix audacieux qui met en lumière un épisode méconnu de la bataille du Mans de 1871. Il intervient au lendemain du cent-cinquantième anniversaire de la guerre franco-allemande. De petites victoires contre l’oubli ont pu être remportées ici ou là. Citons, entre-autres, le dévoilement d’une plaque à Bitche (Moselle) en hommage aux défenseurs de la place forte ou encore l’inscription de la mention « Belfort 1870 – 71 » sur le drapeau du 35ème régiment d’infanterie. De la même façon le combat de Pontlieue est sorti des ombres du passé. S’il était connu jusqu’alors de quelques initiés, il n’avait jamais obtenu la place qu’il méritait dans le Panthéon des gendarmes. Le regain d’intérêt suscité par le cent-cinquantième anniversaire a permis de mettre en lumière cette page d’histoire. Ainsi, l’apposition d’une plaque, par la municipalité du Mans, sur le lieu même de l’affrontement, a été l’une des illustrations récentes de cette volonté de rappeler la mémoire des combattants de 1870. De la même manière, le choix opéré par la 128ème promotion de l’EOGN est un marqueur fort de cette démarche collective de relier passé et présent, officiers d’hier et d’aujourd’hui.

Il est aussi bon de rappeler les vertus d’un nom de promotion. Vecteur de cohésion, il renforce le sentiment d’appartenance à la promotion, lie durablement la centaine de membres qui la composent et permet de perpétuer le souvenir de ceux qui les ont précédés. Aussi, nul doute que les 116  officiers de la 128ème promotion sauront porter haut les valeurs de leurs aînés du combat de Pontlieue : dévouement, résilience et esprit de résistance face à l’adversité.

La 128ème promotion baptisée Combat de Pontlieue

De l’évocation du combat de Pontlieue, l’on peut retenir trois enseignements.

D’abord, le combat de Pontlieue est un exemple de courage et d’abnégation à l’échelle du collectif. Le 12 janvier 1871, alors que la 2ème armée de la Loire entame sa retraite dans les rues encombrées du Mans, le régiment de marche de la gendarmerie à pied exécute l’ordre de se porter au-devant de l’ennemi et de défendre le pont de Pontlieue jusqu’à la dernière extrémité. Faisant fi du désordre régnant autour d’eux, les gendarmes acceptent le rôle du dernier rempart face à un ennemi très supérieur en nombre. Ils s’acquittent admirablement de cette mission.

Ensuite, le combat de Pontlieue est un condensé d’intelligence tactique. Ce jour-là, ce sont la défense échelonnée et la discipline de feu des gendarmes qui mettent en difficulté l’ennemi plusieurs heures durant et le contraignent à traverser l’Huisne en un autre endroit. Le sursis obtenu permet l’évacuation de la gare du Mans d’un millier de wagons chargés de blessés et de matériels divers.

Enfin, le combat de Pontlieue est le révélateur de figures héroïques, telle celle du sous-lieutenant Ganier, le chef de la 2ème section de la 2ème compagnie du 1er bataillon. En poursuivant le combat dans les rues du Mans et en refusant de se rendre, il rappelle incontestablement le sacrifice du capitaine Danjou à Camerone ou de l’infanterie de marine à Bazeilles. La filiation entre ces différents combats paraît assez évidente : malgré la défaite, tous trois forgent l’identité d’un corps en lui offrant un héritage de valeurs à perpétuer. Grièvement blessé, le sous-lieutenant Ganier terminera la guerre en captivité.

Certes, le combat de Pontlieue comporte encore des angles morts, des zones d’ombre. Les identités des gendarmes tombés au combat sont loin d’être toutes connues, et le volume total de tués, de blessés et de disparus peut varier selon les sources. De même, les informations sur le déroulé précis des événements demeurent fragmentaires. Pourtant, quelque cent-cinquante ans après les faits, la mémoire de ce combat gagne en vigueur et en pertinence.

Gendarme en 1870 © Collection privée – Nicolas Bénévent

Des événements sont-ils prévus autour de la thématique
du Combat de Pontlieue en 2022- 2023 ?

Il appartiendra à la 128ème promotion de perpétuer le souvenir du combat de Pontlieue. Je ne doute pas que de belles initiatives verront le jour d’ici la fin de l’année. Je sais également la municipalité du Mans et le groupement de gendarmerie départementale de la Sarthe très engagés sur ce sujet des commémorations.

Le combat de Pontlieue a aussi été évoqué à l’occasion du défilé du 14 juillet 2022 sur les Champs-Élysées à Paris, la 128ème promotion ayant fait partie des formations défilantes.

Je rappelle enfin que le musée de la Gendarmerie nationale, situé à l’entrée de l’EOGN à Melun et ouvert au public depuis 2015 présente dans son exposition permanente des objets évoquant l’histoire de la Gendarmerie pendant la guerre franco-prussienne de 1870. L’objet le plus important de ce corpus est un bout du panorama de la bataille de Rezonville (16 août 1870), peint par un peintre spécialiste des scènes militaires Édouard Detaille. On y distingue un gendarme de la prévôté indiquant à un soldat blessé le chemin de l’infirmerie, montrant ainsi une des facettes de l’engagement de la gendarmerie lors de ce conflit.

Quel est votre retour d’expérience de la journée du 30 juin 2022 ?

La cérémonie du 30 juin 2022 a été de toute évidence un moment de grande émotion. Elle s’est déroulée sous la présidence de Monsieur Gérald Darmanin, ministre de l’Intérieur, en présence du général d’armée Christian Rodriguez, directeur général de la gendarmerie nationale.

Plusieurs temps forts ont marqué la cérémonie de baptême :
– le discours du ministre de l’Intérieur évoquant les valeurs portées par le combat de Pontlieue ;
– le chant de la 128ème promotion rendant hommage aux gendarmes de Pontlieue ;
– la transmission de la Garde au Drapeau à la 128ème promotion.

De juriste de formation … à la direction du bureau media du SIRPA-G

Fils de gendarme, je suis entré à l’EOGN voici vingt ans.

De recrutement universitaire et juriste de formation, j’ai débuté ma carrière à l’escadron de gendarmerie mobile 36/3 à Joué-les-Tours (37). J’ai ensuite exercé les fonctions de commandant en second de la compagnie de gendarmerie départementale de Saint-Lô (50), puis celles de commandant de la compagnie de gendarmerie départementale de Clermont-Ferrand (63).

Après avoir réussi le concours de l’Ecole de Guerre, j’ai effectué un an de scolarité à l’école militaire à Paris (75). J’ai découvert l’histoire du combat de Pontlieue durant cette période, en préparant un master en histoire contemporaine sur la gendarmerie au combat durant la guerre franco-allemande.

J’ai ensuite commandé le bureau de la gestion du personnel militaire de la région de gendarmerie d’Ile-de-France.

Enfin, je dirige depuis deux ans le bureau média du SIRPA, plus spécifiquement chargé de la communication externe de la gendarmerie.


Le musée de la gendarmerie nationale situé à l’entrée de l’EOGN à Melun est superbe. Il permet de découvrir l’histoire de France à travers la gendarmerie, propose des expositions temporaires et des animations pour les enfants. Un lieu à découvrir en famille sans modération qui a su évoluer avec le numérique grâce au talent de Richard Filmotte


Photo : Visite guidée de Richard Filmotte (droite) lors du 2ème séminaire des Polices municipales à l’EOGN organisé par Franck Denion (gauche), CISPD Melun, et Miss K. © Valérie Desforges


Note importante

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