Le 13 mars 2021 – Miss Konfidentielle poursuit la mise en lumière de personnalités « vraies » du monde du cinéma. Après Franck Mancuso, place à François Levantal que vous connaissez tous. Le cadre des Landes est celui qui a le mieux convenu pour nous entretenir en toute sérénité. Vous allez découvrir un homme passionné par son métier et qui se livre sans détour sur sa vie personnelle et ses idées à l’endroit de notre société.
Bonjour François,
- Et si nous commencions par évoquer Brunoy, un sujet qui vous tient profondément à cœur ?
Bonjour Valérie, nous pouvons démarrer l’interview sur ce sujet mais ce sera par un moment de tristesse puisque la maison de mon enfance et adolescence a été vendue. C’était la maison de mon papa.
J’ai eu la chance d’avoir vécu une jeunesse privilégiée avec un jardin, des chiens, des chats, un potager… On aimait la terre.
C’est ce que j’appelle les vraies valeurs de mon époque et tout cela se passait à Brunoy, dans l’Essonne.
Un lieu que j’adore, qui a vu naître Michel Serrault rencontré lors d’un tournage.
- Votre scolarité a été haute en couleur me semble t-il…
J’ai 16 établissements au compteur. Je pense avoir battu Sacha Guitry !
J’ai passé la moitié de ma scolarité à l’école et en pension, notamment en Gascogne, à Auch (capitale du Gers)… qui ont été des lieux de découverte pour moi.
A chaque fois que j’étais viré d’une école, ma mère (ma complice) me disait « C’est pas grave, on va se réinscrire ».
Je pourrais dire que je ne foutais rien, mais en réalité j’infusais un peu. Je préparais mon métier.
J’avais un besoin vital de faire marrer mes potes, de faire le couillon probablement parce que je cherchais à être aimé.
Lors de ma scolarité, j’ai rencontré des professeurs remarquables.
Je me souviens de Monsieur Tournade, professeur d’histoire dans le sud, qui mimait formidablement bien Napoléon.
Je repense à Sainte-Croix des Neiges (Abondance) et à Didier Bouvet avec lequel j’étais à l’internat et qui a décroché la médaille de bronze en slalom aux Jeux-Olympiques de 1984 à Sarajevo.
- Puis vous choisissez la voix du théâtre
Après avoir passé mon bac français… Au désespoir de mon père, je lui dis que je ne ferai pas de terminale !
Je passe 6 mois à profiter de mes 17 ans puis cherche finalement un cours de théâtre le plus proche de chez moi. C’était le cours Simon !
J’ai aussitôt été impressionné par certains élèves et je peux vous dire que faire le couillon avec ses potes ou en famille et monter sur scène au cours Simon, ce n’est pas du tout pareil ! Il m’a fallu d’abord vaincre ma timidité avec le professeur Claude Brécourt.
En fin d’année, Bernard Ristroph assiste à l’une de mes auditions et me propose de jouer aux côtés de Emmanuelle Riva la pièce L’Exil de Henry de Montherlant au théâtre Hébertot. J’avais conscience que j’avais de la chance. J’ai été choisi, j’avais 20 ans… Heureux !
Suite à cette expérience sur scène, j’ai décidé de suivre le cours Florent.
Lors d’une audition, Jean-Louis Barrault me propose de faire le coq en remplacement de Vincent Cassel dans la pièce de théâtre Les Oiseaux d’Aristophane. J’accepte bien évidemment, depuis Vincent est un de mes meilleurs potes.
Avec le recul … Je pense que tout se tisse.
- Votre parcours de comédien est riche. Théâtre, cinéma, télévision… et vous n’hésitez pas à exprimer vos pensées. Aussi, je vous invite à poursuivre notre entretien librement.
Cela me convient très bien.
A l’époque où j’avais une vingtaine d’années, c’était les années 80, le théâtre était la « maison mère » de notre métier. Lorsque l’on souhaitait être une actrice ou un acteur, le théâtre était incontournable simplement parce qu’il n’y avait pas de triche. Ca m’a musclé.
J’essaie depuis de monter sur scène le plus régulièrement possible.
J’ai eu la chance de tourner au cinéma. Alors je vais parler de souvenirs marquants.
Bertrand Tavernier m’a donné mes premiers rôles.
Je pense à L.627, un film stupéfiant c’est le cas de le dire (rire) et incroyablement prémonitoire ; le film noir L’Appât qui résonne avec les actualités ; les films magnifiques La Fille de d’Artagnan et Capitaine Conan. Bertrand Tavernier a vraiment été adorable avec le petit jeune que j’étais.
Dans La Haine de Mathieu Kassovitz, le personnage d’Astérix m’a donné un sacré coup de pouce au cinéma.
En y repensant, mes rôles ont principalement été ceux de voyous ou de keufs. Peut-être est-ce ma gueule ? Celle d’un flic ou d’un voyou ? Olivier Marchal se pose sans doute la même question (rire).
J’adore tourner des bonnes comédies comme Raide Dingue avec Dany Boon. Le tournage s’est déroulé en période d’attentats… ce qui nous a obligé à quitter Paris pour la Belgique.
J’aime aussi mon rôle de Philippe Honoré de Roche Saint-Pierre, cousin de Louis XIV, 33ème cousin du Roi de France Louis XIV, dans la série télé La Petite Histoire de France.
J’ai le privilège d’enchaîner les pièces et les tournages. Lorsque je suis sur scène ou sur un plateau, je suis un homme heureux.
Depuis que je suis né, je suis un chanceux. Suis-je protégé ? Je ne le sais pas. J’ai vu passer la chance aussi.. et par timidité, je l’ai laissé souvent passer. Comme avec les femmes (rire).
Il est vrai que je n’ai jamais couru les cocktails ni les avant-premières.
Vivons heureux, vivons cachés le plus possible. D’ailleurs, je vis planqué dans la forêt landaise et c’est très bien. J’y suis heureux. J’aime être efficace dans mes relations et pouvoir consacrer du temps aux gens que j’aime.
- Le secteur du cinéma est touché en période de Covid-19. Pour autant, avez-vous des projets ?
J’ai tourné récemment un film en respectant le cadre sanitaire strict. Il s’agit de Big Bug de Jean-Pierre Jeunet avec lequel j’avais tourné Un long dimanche de fiançailles. Merci Jean-Pierre.
Il était prévu que je sois sur scène au théâtre avec Francis Veber pendant cette période mais la crise sanitaire en a décidé autrement. J’espère que les théâtres vont bientôt réouvrir…
J’ai aussi une autre actualité qui me fait plaisir. Il s’agit de La Petite Histoire de France (2 saisons et demi) en rediffusion sur W9 qui marche très bien. Une nouvelle commande est signée et nous tournerons cet été.
Je ne connais pas encore le scenario de Ducobu 4 mais je suis ravi de partir bientôt en tournage avec Sa majesté Elie Semoun.
Vous voyez ce n’est pas énorme, mais j’ai des projets et par les temps qui courent…
- Comme voyez-vous l’évolution de notre société ?
Vraisemblablement je ne suis pas du tout adapté et suis au-delà de la stupéfaction.
Je suis né pendant le 30 Glorieuses et j’avais l’impression que les gens étaient heureux.
Aujourd’hui ils regardent leurs pompes…
Depuis 30 ans, je souffre en constatant l’évolution de notre société.
Je n’étais pas un enfant de coeur mais mon registre était plutôt celui de La guerre des boutons.
Aujourd’hui, les jeunes shootent les keufs et s’entretuent à la kalach.
Je ne peux pas comprendre et pourtant je cherche !
Il me semble que certaines des vieilles valeurs d’éducation ne sont pas forcément ridicules.
Pour autant, je fais partie des optimistes et je vous quitte de ce pas en vous rappelant que « Le ciel est tout petit pour la grenouille au fond du puits ! » (sourire)
Un mot de Miss Konfidentielle :
François Levantal a évoqué certaines références. Si vous allez sur la toile… vous découvrirez un compteur très chargé ! Miss Konfidentielle a aussi été marquée au théâtre par La Médaille et Le Placard. Au cinéma par Conseil de famille, Dobermann, Assassin(s), Le Poulpe, Les Rivières Pourpres, Gangsters, Narco, Les Lyonnais, Taxi 5, Rendez-vous chez les Malawa, Ducobu 3… En télé par le Commissaire Moulin, Une femme d’honneur, PJ, Rastignac ou les Ambitieux, Le juge est une femme, Avocats et Associés, Kaamelott, Braquo, Contre-enquête, Section zéro, Le Grand Bazar… Merci François !
Notes importantes
Il est obligatoire d’obtenir l’autorisation écrite de Valérie Desforges, auteur de l’interview, avant de reproduire tout ou partie de son contenu sur un autre media.
Il est obligatoire de respecter les légendes ainsi que les copyrights des photos.