Après le temps fort des restitutions de biens culturels au Bénin et au Sénégal, le partenariat avec l’Afrique se poursuit avec une ambition : donner un nouveau souffle aux musées africains.
Le 28 novembre 2017, à Ouagadougou (Burkina Faso), le Président de la République présentait son ambition pour le renouvellement de la relation avec l’Afrique en détaillant une série d’engagements, marqueurs d’un nouveau regard, entre la France et le continent africain.
Cinq ans après, ce « nouveau regard », qui couvre un large éventail de problématiques, aussi bien éducatives qu’environnementales, économiques, linguistiques ou culturelles, a commencé à porter ses fruits. A commencer par la restitution – geste dont la portée symbolique est particulièrement forte – en 2021 de trésors culturels conservés dans les musées français, au Sénégal et au Bénin.
A côté de ces restitutions, d’autres chantiers mobilisent particulièrement les acteurs du secteur culturel, comme le travail réalisé pour faciliter l’accès à des archives sensibles ou l’effort significatif pour accompagner le développement du secteur muséal africain, notamment à travers l’organisation d’expositions, d’échanges et de formations, de prêts, de dépôts, et, bien sûr, de coopérations.
Restitution du patrimoine culturel africain : un symbole fort
« Permettre aux Africains, en particulier à la jeunesse, d’avoir accès en Afrique et non plus seulement en Europe, à leur propre patrimoine et au patrimoine commun de l’humanité ». Pour faire de cette promesse une réalité, le Président de la République s’est engagé à lancer le processus de restitution des 26 œuvres demandées par le Bénin, du sabre dit d’El Hadj Omar Tall et de son fourreau par le Sénégal.
Adoptée à l’unanimité par le Parlement, la loi du 24 décembre 2020 relative à la restitution de biens culturels à la République du Bénin et à la République du Sénégal marque à la fois l’aboutissement d’un long travail et le point de départ d’une démarche globale de refondation du partenariat culturel entre la France et l’Afrique, qui repose notamment sur le transfert d’expertise et de savoir-faire dans le domaine muséal.
Renforcer la formation des professionnels africains
La formation est la pierre angulaire de cette démarche de transfert d’expertise à destination des professionnels du patrimoine. Pour renforcer ses actions spécifiques en faveur du patrimoine sur le continent africain, le ministère de la Culture a lancé deux nouveaux programmes d’accueil au sein du dispositif « Courants du monde », qui ont vocation à être reconduits chaque année.
Le premier, appelé « Parcours de collections » est dédié à la recherche sur l’histoire des collections africaines en France. Il permet d’organiser, pour une durée entre un à trois mois, l’accueil d’un professionnel de musée africain au sein d’un musée ou d’une bibliothèque française pour travailler sur l’histoire des collections. Le professionnel bénéficie aussi d’une bourse du ministère de la Culture. Parmi les futurs participants au programme d’accueil sur la recherche de provenance, figure notamment le directeur du Musée national du Mali, qui est accueilli par le musée du Quai Branly-Jacques Chirac en mai et juin 2022.
Le second est un « Itinéraire Culture » qui a vocation renforcer les compétences des professionnels pour l’organisation d’expositions temporaires et la circulation des biens culturels au sein des musées africains. A destination des professionnels francophones travaillant dans des institutions muséales africaines, il se tiendra pendant 15 jours au mois d’octobre à Paris et en régions.
Le nouveau souffle du patrimoine africain
Le nouveau partenariat avec l’Afrique, c’est enfin un renforcement significatif de la mobilisation du ministère de la Culture et de ses opérateurs, dont le musée du Quai Branly – Jacques Chirac, l’Institut National du Patrimoine, le Château de Versailles ou le musée du Louvre, qui vise à accompagner le nouveau souffle du patrimoine et des musées africains.
Parmi les nombreux projets, le ministère de la Culture accompagne les projets de modernisation du musée national de Yaoundé, au Cameroun, la rénovation du Palais national du Jubilé d’Addis-Abeba en Éthiopie, ainsi que la réhabilitation et la mise en valeur de l’étonnant site des Palais Royaux d’Abomey au Bénin
Côté expositions, outre l’exposition « Picasso à Dakar » qui se termine le 30 juin au musée des Civilisations noires, à Dakar, le musée du Quai Branly-Jacques Chirac met le patrimoine camerounais à l’honneur, dans une grande exposition : « Sur la Route des chefferies du Cameroun. Du visible à l’invisible », qui se tient jusqu’en juillet 2022. Le ministère apporte ses soins aussi aux patrimoines du Gabon (où s’investissent l’Institut National du Patrimoine et le Museum d’Histoire Naturelle), de l’Angola (dans le cadre du récent don de sculptures au château de Versailles) et du Mozambique.
Photo en Une : L’exposition à Cotonou des biens restitués par la France au Bénin a rencontré un grand succès public © Pius Utomi Ekpei – AFP