Colloque annuel de l’Armée de l’Air et de l’Espace (AAE), Ecole militaire

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Un très bel événement le lundi 9 janvier 2023 à l’École militaire, le colloque annuel de l’Armée de l’Air et de l’Espace, AAE. Un amphithéâtre plein, une retransmission en direct sur la chaîne youtube de l’Armée de l’Air et de l’Espace avec nombre de questions du public.

La thème était Du ciel à l’espace, nouveaux enjeux opérationnels à très haute altitude en la présence du général d’armée aérienne Stéphane MILLE, CEMAAE, du général de division aérienne Stéphane DUPONT, Directeur du Centre d’études stratégiques aérospatiales, de hautes autorités militaires et civiles, réservistes citoyens, industriels, académiques.

Un remerciement au Centre d’études stratégiques aérospatiales, CESA, pour son invitation et sa large contribution à l’organisation du colloque, je pense à Raphaël POUYADOU, Marie DELAVAUD et toute l’équipe.

« Lundi 9 janvier 2023 avait lieu le colloque annuel de l’Armée de l’air et de l’espace à l’Ecole militaire (Paris – 7e) sur le thème des opérations dans l’espace aérien supérieur.
Ce colloque, accessible en replay sur la chaîne YouTube de l’Armée de l’air et de l’espace a rassemblé près de 500 personnes dans l’amphithéâtre Foch !
MERCI 🙏 à l’ensemble de nos intervenants pour la qualité des débats, à son formidable modérateur Nicolas Rossignol et un immense BRAVO 👏 aux équipes du Centre d’études stratégiques aérospatiales pour le parfait soutien apporté à sa réalisation ». Raphaël POUYADOU, Chef de la division Rayonnement – Jeunesse chez Centre d’Études Stratégiques Aérospatiales de l’Armée de l’Air et de l’Espace (CESA).

LE COLLOQUE EN LA PRÉSENCE DU CEMAAE, STÉPHANE MILLE
(seul prononcé fait foi)

CEMAAE Stéphane MILLE au colloque de l’Armée de l’Air et de l’Espace © AAE

Monsieur le président de la commission de Défense nationale et des forces armées de l’Assemblée Nationale,
Mesdames messieurs les élus,
Mesdames messieurs les officiers généraux,

Mesdames messieurs, en vos rangs, grades et qualités,

  • Je tiens à profiter de cette occasion pour vous souhaiter tout d’abord une belle et heureuse année 2023.
  • Chaque nouvelle année ouvre la porte vers de nouveaux défis, de nouveaux enjeux et les HAO en sont la parfaite illustration.
  • Je veux souligner que ce colloque de l’AAE, organisé par le CESA, est un vrai succès en la matière.
  • Un succès, car il traduit le dynamisme d’une pensée stratégique toujours renouvelée dans l’écosystème de défense.
  • Un succès, par la qualité des prises de paroles et des réflexions partagées.

Je remercie à ce titre tous les intervenants (animateur, participants), civils et militaires, ainsi que l’audience présente en grand nombre dont la diversité démontre l’intérêt collectif que suscite le sujet.

  • Un succès, car il est un premier jalon structurant de l’élaboration d’une stratégie française sur les HAO.
  • Beaucoup de choses ont déjà été abordées aujourd’hui et le Président Gassiloud en a fait une synthèse très claire et complète, monsieur le président je vous en remercie.
  • Je voudrais insister sur la mobilisation de l’AAE et son plein investissement pour prendre en compte les enjeux de cette tranche d’altitude et les problématiques associées afin de ne pas se voir imposer une utilisation du higher airspace qui serait contraire à nos intérêts.
  • Cette après-midi est en quelque sorte le « lâcher des freins », comme on dit en aéronautique militaire, de nos travaux avec une première restitution de nos analyses prospectives vers le CEMA dans les mois à venir.
  • Dans un avenir plus ou moins proche, les HAO s’ajouteront ainsi très certainement aux missions déjà existantes de l’AAE dont un résumé en vidéo va vous être présenté maintenant avec une rétrospective de l’année 2022.
  • Je vous donne rendez-vous à l’issue pour un moment de convivialité au cours duquel nous pourrons poursuivre nos échanges.

Merci de votre présence une nouvelle fois et merci de votre attention.

LE PROGRAMME DU COLLOQUE DE L’ARMÉE DE L’AIR ET DE L’ESPACE

Animateur : Nicolas Rossignol

Mme Agnès d’Heilly, directrice des affaires publiques Europe d’ARIANE GROUP.
Une excellente idée de valoriser une femme, de plus colonel de la réserve citoyenne de l’AAE.  

Agnès D’Heilly, Ariane group, colonel de la réserve citoyenne de l’AAE au colloque de l’Armée de l’Air et de l’Espace © AAE

Introduction de M.Xavier PASCO, directeur de la Fondation pour la recherche stratégique (FRS).

“Notre projet en 180 secondes” – M. Nicolas MULTAN, directeur général-CEO de HEMERIA.

Table ronde n°1 “Quelles activités et organisations émergent entre l’espace aérien “traditionnel” et l’Espace ?
– GCA Frédéric PARISOT, major général de l’AAE (MGAAE)
– ICA Jean-Baptiste PAING, architecte du système de défense – commandement et maîtrise de l’information à la Direction générale de l’armement (DGA)
– M. Marc VALES, directeur des activités spatiales de DASSAULT AVIATION
– M. Stéphane VESVAL, senior vice-président, ventes et marketing systèmes spatiaux de AIRBUS DEFENSE AND SPACE
– M. Hervé DERREY, président directeur général de THALES ALENIA SPACE
– Général (2S) Pascal LEGAI, conseiller sécurité du directeur général de l’AGENCE SPATIALE EUROPEENNE (ESA)

“Notre projet en 180 secondes” – M. Jean-Luc DIEMUNSCH, conseiller de la société ZEPHALTO

Table ronde n°2 “Quelle volonté française de réguler l’espace aérien supérieur (HA : Higher Airspace) ?”
– GDA Stéphane VIREM, directeur de la sécurité aéronautique d’état (DSAé)
– M. Patrice DESVALLÉES, directeur de programme projets stratégiques et émergents (DGAC/DSAC)
– Mme Nathalie LE CAM, expert de l’Agence de l’union européenne pour la sécurité aérienne (AESA)
– M. Eric BILLARD, chef de l’unité innovation et opérations civile-militaires de EUROCONTROL
– M. Bernard CHEMOUL, inspecteur général et directeur de la qualité du Centre national d’études spatiales (CNES)

“Notre projet en 180 secondes” – M. Louis HART-DAVIS, fondateur de la société STRATOLIA

Témoignage du COL Olivier FLEURY, commandant la BA 367 de Guyane (visio).
Un remerciement d’avoir pris le soin de nous accorder du temps.

COL Olivier FLEURY, commandant la BA 367 de Guyane au colloque Armée de l’Air et de l’Espace © Valérie Desforges

Table ronde n°3 “Quelle stratégie de défense dans cette tranche d’altitude ? ”
– GCA Philippe MORALES, commandant la défense aérienne et les opérations aériennes (CDAOA)
– GCA Philippe ADAM, commandant de l’Espace (CDE)
– M. Franck LEFEVRE, directeur des programmes de défense de l’Office national d’études et de recherches aérospatiales (ONERA)
– M. Bertrand LE MEUR, directeur stratégie de défense, de la prospective et de la contre-prolifération à la direction  générale des relations internationales et de la stratégie (DGRIS)

Clôture (seul prononcé fait foi) par M. Thomas GASSILOUD, député, président de la commission de la défense nationale et des forces armées. 

Thomas GASSILOUD, député, président de la commission de la défense nationale et des forces armées au colloque de l’Armée de l’Air et de l’Espace © AAE
Merci Mon général de m’avoir convié à ce colloque et de me donner l’opportunité de le conclure.

Le sujet que vous avez abordé aujourd’hui est complexe : il mêle les lois de la physique, le droit, les dynamiques stratégiques, les capacités militaires, les acteurs industriels…

Je vais, pour ma part, surtout m’arrêter sur ses dimensions politiques, autour de trois convictions :

  • l’extension du domaine des conflictualités est une réalité que notre politique de défense doit anticiper et accompagner ;
  • des exigences immédiates s’imposent à nous face aux enjeux de la très haute altitude ;
  • nous devons surtout le faire comprendre à nos concitoyens car il n’y a de « défense nationale » que si celle-ci est l’affaire de tous, y compris pour anticiper des actions militaires dans l’espace aérien supérieur.

Première idée, s’intéresser aux opérations dans la très haute altitude, c’est rappeler que la guerre est un caméléon qui varie et grandit au rythme de la complexification de nos sociétés et des avancées technologiques.

C’est pourquoi, je n’aime pas la métaphore du village planétaire : cette vision tend à faire l’avancée de nos sociétés un rétrécissement, alors que c’est l’inverse qui se passe sous nos yeux depuis bien

longtemps : chaque découverte scientifique, toute création de réalité sociale, toute spécialisation d’activité humaine, est un enrichissement du monde, une complexification de son fonctionnement, une extension du champ des possibles.

La stratégie étant « la dialectique des volontés employant la force pour résoudre les conflits », la guerre peut se déployer partout où une volonté est applicable afin de « créer et exploiter une situation entraînant une désintégration morale de l’adversaire suffisante pour lui faire accepter les conditions qu’on veut lui imposer », si vous acceptez que j’utilise, en les tordant un peu, des axiomes célèbres du général Beaufre.

L’une des rares lois universelles de la guerre est l’extension continue du domaine du conflit.

Certains insistent sur le concept de guerre multi-milieux / multi-champs, en se questionnant sur le nombre de milieux et de champs. C’est utile.

Le plus important, toutefois, est d’avoir conscience que la nature même de la guerre ne connait pas de frontière : elle conduit à développer des rapports de force dans tous les domaines dans lesquels il est possible d’en créer; au rythme des découvertes scientifiques, de l’accès par des technologies nouvelles à de « nouveaux mondes » ou au développement de nouvelles pratiques sociales.

Et cette vérité est politique.

C’est ce qui se cache derrière la phrase du général de Gaulle qui orne la salle de la commission de la défense de l’Assemblée nationale : « la défense ! c’est là, en effet, la première raison d’être de l’Etat. Il n’y peut manquer sans se détruire lui-même ».

Pour garantir l’application de cette mise en garde, il nous faut anticiper et investir, en permanence, les multiples lieux où des confrontations de volontés pourront aller jusqu’à l’usage de la force, y compris dans le Métavers comme viennent d’y réfléchir vos amis de l’armée de terre.

Deuxième idée, il faut se saisir sans tarder des enjeux opérationnels à très haute altitude, comme les armées ont su le faire sur la question des fonds sous-marins ou de l’espace.

C’est ce que vous faites aujourd’hui.

Le contexte stratégique y incite, alors que le recours au rapport de force redevient une norme pour de nombreux compétiteurs qui cherchent à remettre en cause l’ordre international fondé sur le droit international et le multilatéralisme que nous promouvons. Il est donc important de fixer aujourd’hui des concepts et une stratégie pour que l’on ne soit pas dépendant d’une approche de la très haute altitude qui serait contraire à nos intérêts de souveraineté.

Si nous disposons d’un modèle d’armée qui nous offre l’une des boites à outils militaires la plus large d’Europe, nous devons garantir notre capacité à éviter tout contournement de nos leviers de puissances par des nouvelles stratégies qui exploiteraient des voies que nous n’aurions pas ou mal anticipé. L’espace aérien supérieur est l’un de ces espaces dont nous devons garantir qu’il ne sera pas celui du contournement.

Vous en avez discuté toute l’après-midi, des exigences d’imposent déjà à nous :

– il y a des enjeux de droit et de régulation. Par exemple dans la définition de la frontière entre l’espace aérien et l’espace extra-atmosphérique, sur laquelle le comité d’éthique de la défense incite à une réflexion par exemple. Plus concrètement, c’est aussi la question des modalités et des autorités de régulations qui vont encadrer le statut du Higher airspace et doivent préserver nos intérêts de souveraineté. A l’heure de la convergence du secteur du numérique et du spatial, c’est aussi la question de la « gafamisation » possible de cet espace qui est un repoussoir pour une société démocratique. Sur ces points l’UE doit être un soutien ;

– il y a des enjeux de doctrine : quelles sont les champs d’action possibles ? que voulons-nous faire ? que refusons-nous ? Cette dernière question est importante pour définir nos concepts et notre doctrine : pour reprendre encore l’exemple de l’espace extra-atmosphérique, le ministre des armées a une nouvelle fois affirmé que, pour assumer pleinement ses responsabilités multiples, y compris environnementales, «la France prend formellement l’engagement à ne pas conduire des essais de missiles antisatellites destructifs à ascension directe », ce qui induit des conséquences très directes sur nos actions militaires dans l’espace extra-atmosphérique. Des raisonnements similaires devront être tenus pour la très haute altitude ;
–  il y a des enjeux capacitaires : compte tenu de ce qui est possible et de ce que nous voulons faire, nous devrons nous doter de capacités militaires et en inscrire les priorités dans nos visions prospectives et nos programmation militaires à moyen terme, ne serait-ce que pour soutenir les capacités d’innovation ;
–  il y a enfin des enjeux industriels, car notre action ne sera rien sans la capacité de notre BITD à fournir des solutions souveraines et à exploiter les opportunités d’innovation. Il y a déjà des entreprises très engagées : je félicite d’ailleurs l’armée de l’air d’avoir pensé à en rendre compte dans les intermèdes entre les tables rondes pour présenter succinctement Heméria, Zephalto et Stratolia, même si d’autres entreprises investissent

aussi ce champ d’innovation. La France a une carte à jouer et devra soutenir ses acteurs industriels pour contribuer à maintenir l’excellence technologique qui est l’une des clefs de notre puissance.

Troisième et dernière idée, la véritable clef politique du programme que je viens de décrire réside dans l’attitude de nos concitoyens et leur adhésion à ces nouvelles dimensions de notre stratégie de défense.

Dans notre modèle démocratique, notre véritable atout stratégique réside dans la résilience de la nation et la capacité des citoyens à comprendre et soutenir nos opérations militaires quel que soit le milieu ou le champ dans lesquels elles se déploient.

C’est vrai en Afrique comme en Europe orientale, comme ça l’est, dans les espaces numérique, sous-marins ou extra-atmosphérique. Comme dans ces derniers domaines, nous devons faire adhérer nos concitoyens aux exigences militaires qu’imposent la possibilité d’utiliser le higher airspace.

Il faut donc en parler, organiser des colloques, communiquer, rédiger et diffuser des stratégies explicites. C’est ce que vous faites aujourd’hui et je vous en félicite.

La commission de la défense s’y attèle de son côté en multipliant les occasions d’échanges avec les citoyens et en cherchant à les atteindre là où ils trouvent, parfois bien loin des agoras institutionnelles.
Nous avons par exemple créé un espace sur le réseau social Discord, très utilisé chez les jeunes, qui est issu du monde des jeux vidéo. Nous discutons avec des Youtubeurs comme avec des influenceurs. Lors de nos déplacements, nous organisons désormais systématiquement des réunions publiques pour échanger sur les enjeux de défense avec toutes les composantes de la société : nous l’avons fait à Pau, nous le ferons la semaine prochaine à Brest.

Au-delà nous ne cessons d’inciter tous ceux qui s’intéressent aux affaires de défense à rayonner autour d’eux, là où ils se trouvent. Ceux qui sont déjà sensibilisé aux enjeux de défense ne doivent pas en faire un jardin secret. Ils doivent en parler tout autour d’eux : les enseignants pour éduquer aux enjeux de défense, les réservistes pour évoquer ce qu’ils vivent des réalités militaires, les banquiers pour être attentifs à ce que la BITD soit financée, les juristes pour faire comprendre les implications concrètes du principe constitutionnel de libre disposition de la force armée…

Et je m’adresse donc à vous pour que vous fassiez de l’évènement d’aujourd’hui l’occasion de nouvelles irrigations de l’esprit de défense de nos concitoyens pour faire de ce thème un sujet du débat démocratique : c’est le meilleur gage pour renforcer notre capacité « à faire de la défense l’affaire de tous ».

A l’heure où la société française se questionne, se fracture parfois, rappeler que la défense est l’affaire de tous c’est aussi dire que nous sommes un tout, les membres d’une Nation, un peuple souverain appelé à dessiner un avenir commun, pour nous et nos enfants.

Promouvoir la défense, c’est dire que nous croyons en l’avenir et que le projet collectif dont nous semble capables mérite qu’on y prenne soin et qu’on le défende, au besoin, par la force si une puissance étrangère venait à le menacer. Où que ce soit !

Finalement faire de la défense l’affaire de tous, c’est aussi un moyen de nous retrouver autour de l’essentiel et de nous armer politiquement pour affronter ensemble un avenir, par définition plus ou moins incertain.

Je vous remercie.

Le colloque s’est clôturé par une conclusion et remerciements par le général d’armée aérienne Stéphane MILLE, chef d’état-major de l’Armée de l’Air et de l’Espace (CEMAAE).

Une joie de saluer en fin de colloque le général Laurent LHERBETTE, commandant les forces aériennes, officier général de zone de défense sud-ouest; le général Julien SABÉNÉ, Chef d’état-major du CFA; le général de corps aérien Philippe MORALES, commandant la défense aérienne et les opérations aériennes (CDAOA); le général de corps aérien Philippe ADAM, commandant de l’Espace (CDE).

Julien SABENE, Philippe MORALES, Miss K, Philippe ADAM, Laurent LHERBETTE au colloque Armée de l’Air et de l’Espace © AAE

Avant de rejoindre le cocktail, les journalistes étaient conviés à la conférence de presse du CEMAAE. L’occasion pour les journalistes de poser des questions directement au CEMAAE encadrés par Marie DELAVAUD et une partie de l’équipe. Un remerciement au CEMAAE et CESA.

CEMAAE Stéphane MILLE au colloque Armée de l’Air et de l’Espace avec des journalistes et Marie DELAVAUD © Valérie Desforges
Marie DELAVAUD, CESA-GDA Stéphane VIREM, directeur de la sécurité aéronautique d’état (DSAé)-Nathalie LE CAM, expert de l’Agence de l’union européenne pour la sécurité aérienne (AESA) © Valérie Desforges

Une observation : Peu de femmes présentes au colloque, intervenantes et participantes. De fait, j’invite les jeunes filles à s’intéresser aux filières de formation qui permettront de prendre place dans un univers passionnant !

 

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