La colonel Nassima DJEBLI a quitté le poste de porte-parole de la Gendarmerie nationale (interview)

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Le 28 août 2023 (interview) – Nassima DJEBLI a quitté son poste de porte-parole de la Gendarmerie nationale le 31 juillet 2023. Nassima était porte-parole de la Gendarmerie depuis le 1er août 2022. C’est en marchant dans les jardins des Tuileries à Paris que nous avons pris le temps de nous entretenir en toute simplicité et sincérité sur son retour d’expérience et son avenir.

Bonjour Nassima,
Un remerciement pour notre entretien aux jardins des Tuileries.

Vous souvenez-vous de la lettre de mission remise le 1er août 2022 ?

Nous avions une lettre de mission assez vaste avec la colonel Marie-Laure PEZANT qui prenait aussi les fonctions de porte-parole de la Gendarmerie nationale.

Tout d’abord, notre lettre de mission était de valoriser l’action des gendarmes dans les différents domaines qui composent la Gendarmerie.

Il s’agissait également d’expliquer à la population les actions menées sur le terrain lorsque l’on était dimensionné avec un certain nombre d’effectifs.

Donc une communication basée sur la pédagogie. Pourquoi ? Bien souvent la population a des idées reçues, des idées fausses, ou sous-estime les missions attribuées à la gendarmerie.

Et puis il s’agissait de rétablir la vérité. Pourquoi ? On était quelquefois attaqué dans les médias. Il s’agissait d’expliquer véritablement notre vision différente de celle qui était donnée par nos détracteurs.

Aujourd’hui, quel est votre retour d’expérience ?

Cela a été une année exaltante qui m’a obligé en tant que porte-parole de la Gendarmerie.

Cette responsabilité qui nous a été offerte par le général Christian RODRIGUEZ, Directeur général de la Gendarmerie nationale (DGGN), est une belle preuve de confiance dont on était honorées.

J’en sors avec un grand sourire et l’impression d’avoir grandi.

J’ai beaucoup appris avec tout le monde. Je pense au service de communication SIRPA-G qui m’a appris comment monter une stratégie de communication, comment communiquer, comment construire des éléments de langage.

Et c’est également avec le cabinet du DGGN que j’ai appris à comprendre la stratégie de la Gendarmerie pour pouvoir mieux l’expliquer avec des éléments appropriés. L’objectif étant que cela parle à tout le monde, et également auprès des gendarmes. On a eu beaucoup de remontés des gendarmes sur le terrain et je les remercie parce que ce sont ces retours qui nous permettent d’adapter notre posture, d’adapter nos éléments de langage avec la presse.

Savoir si on est dans le vrai ou si on est dans le faux parce que notre véritable mission est de les représenter. Si les gendarmes ne se sentent pas représentés, on est finalement à côté de notre mission.

J’ai passé une année formidable parce que cela a été une belle responsabilité que de représenter les gendarmes, les 130 000 gendarmes d’active et de réserve.

Votre porte-parolat a-t-il été marqué par des événements inoubliables ?

J’ai pris mes fonctions au 1er août 2022, période à laquelle la France vivait de grands incendies. La communication sur la lutte et la protection des habitants en Gironde et aux 4 coins du territoire a été le premier événement marquant. Il s’agissait d’expliquer comment la Gendarmerie œuvrait aux côtés de nos camarades pompiers.

Cela a été aussi Sainte-Soline où il a fallu véritablement faire une manœuvre de décryptage, rétablir la vérité parce qu’il y avait des fausses allégations à l’encontre de notre arme.

Et puis, la période des violences urbaines qui est l’actualité récente puisque la gendarmerie était bien engagée avec 25 000 gendarmes qui œuvraient aux côtés des policiers pour protéger la population et l’ordre républicain.

Cela était les trois événements marquants et inoubliables.

Il y a eu aussi des événements très positifs comme la campagne de recrutement.
Chercher à expliquer pourquoi la gendarmerie recrutait et pourquoi cela pouvait concerner tout le monde. Mon propos était de dire qu’il suffisait d’être motivé et engagé pour intégrer la gendarmerie.

L’année exigeait une concentration de chaque instant. Comment avez-vous conservé un équilibre de vie ?

Les moments de décompression sont importants particulièrement auprès de mon fils et de mon conjoint : faire des activités sportives, assister à des spectacles, jouer ensemble : cette année, j’ai appris les échecs à mon fils. L’objectif est véritablement de se déconnecter des écrans et de profiter des moments de vie, de savoir les savourer. Il s’agit de prendre le temps, à l’inverse des temps médiatiques qui sont bien souvent dans l’immédiateté.

Le sport occupe une place importante dans ma vie. J’ai couru mon 4ème marathon au cours de mon mandat, le marathon d’Hawaï durant mes permissions de décembre. Quand on court un peu plus de 42 kilomètres, il faut savoir se dépasser et aller puiser sa force mentale. Cette force est particulièrement importante dans notre métier, elle nous permet d’être résilient. Le sport permet de la développer.

En gendarmerie, nous avons des soupapes de décompression. Nous avons des bêtisiers où l’on se voit bugger et d’en rire permet à chaque fois de relativiser, de conserver une certaine humilité, c’est important. Cela n’est pas parce que l’on réussit une interview que l’on va toujours la réussir, bien au contraire.

Comment envisagez-vous l’avenir ?

Je vais rejoindre la promotion 31 de l’École de Guerre à l’École militaire qui permet de faire le point sur ses compétences acquises et aussi à améliorer parce que l’on est toujours dans cette démarche finalement d’être la meilleure version de soi-même. On est des officiers, on commande et un bon officier doit savoir se remettre en question.

Cette année sera un véritable temps de pause pour mieux revenir après en gendarmerie, un temps de pause aussi pour monter en compétence. J’ai hâte cette année de découvrir les autres armées et d’apprendre encore sur certains domaines.

Pour revenir en gendarmerie dans un domaine que je n’ai pas encore exercé et devenir un officier complet et recommander un groupement dans quelques années. A quels domaines pensez-vous ? Je suis intéressée par les Ressources humaines, un cabinet … je suis ouverte à d’autres expériences pour enrichir ma vision en gendarmerie.

Avez-vous des messages à faire passer ?

  • en ministère

Tout d’abord cela sera un remerciement au général Christian RODRIGUEZ et à tous mes chefs qui m’ont permis finalement de vivre cette expérience, de m’honorer de cette représentation.

Cela a été également un remerciement au général Jean-Valéry LETTERMAN et son équipe au SIRPA de m’avoir accompagné, de m’avoir fait confiance.

Cette année j’ai évolué lorsque l’on regarde mes premières interviews sur les rodéos urbains et les dernières vidéos. J’ai moi-même sentie cette évolution et cela a été grâce au travail en profondeur du SIRPA mais également tout le réseau des communicants : je pense notamment à la porte-parole du ministère de l’Intérieur et des Outre-mer Camille CHAIZE qui nous a accompagnées. Et je pense particulièrement aux gendarmes comme je vous le disais précédemment. Leur retour d’expérience, leur analyse, leur vision nous ont aidées à savoir si on était dans le vrai, à nourrir aussi nos exemples à partager en plateau, ce qui permettait d’être connectées au terrain.

  • auprès de la jeunesse

J’ai envie de dire qu’en gendarmerie chacun peut trouver sa place. Il faut le vouloir, être motivé. Vouloir s’engager, protéger la population.

La gendarmerie c’est 300 métiers. On peut évoluer, on peut être acteur de sa carrière, il faut juste que les jeunes se donnent les moyens. Il faut qu’ils se donnent de l’ambition et en gendarmerie on peut les aider à évoluer. Je pense qu’aujourd’hui chacun peut trouver sa place en gendarmerie.

  • auprès de la presse

Je suis arrivée novice en communication et la presse m’a beaucoup appris avec pédagogie. A m’installer sur un plateau, par exemple. La presse m’a accompagnée en douceur et j’ai appris à ne plus arriver sur un plateau en stress mais plus apaisée.

La Gendarmerie nationale recrute activement des réservistes.  Souhaitez-vous dire un mot ?

Je parlais des jeunes qui peuvent apprendre un métier en gendarmerie.

Je souhaite m’adresser aux moins jeunes qui ont un métier ou qui souhaitent vivre une expérience ou qui ont envie de s’engager différemment, il y a la réserve de la gendarmerie.

On recrute des réservistes opérationnels et des réservistes citoyens. Donc si vous avez envie de donner un peu plus pour la nation aux côtés de la gendarmerie, vous pouvez penser aussi à la réserve.

Enfin, la question que les lecteurs se posent : qui vous remplacera au porte-parolat de la Gendarmerie nationale ?

Le 1er août 2022, je prenais le poste de porte-parolat aux côtés de la colonelle Marie-Laure PEZANT, nous avons constitué le premier binôme.

Aujourd’hui je ne suis pas remplacée et la colonelle Marie-Laure PEZANT est LA porte-parole de la Gendarmerie nationale.


Une photo souvenir de notre entretien sympathique aux jardins des Tuileries.

Colonel Nassima Djebli (Gendarmerie nationale) et Miss Konfidentielle aux Tuileries © Valérie Desforges

 

Note importante : il est strictement interdit de copier tout ou partie de l’article.

1 commentaire
  1. Denion dit

    Un parcours exceptionnel!!!

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