Musée national Jean-Jacques Henner, un lieu dédié au peintre alsacien

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Une jolie découverte que je souhaite partager avec vous, le musée national Jean-Jacques Henner. Peu connu, peu visité, cet hôtel particulier a été superbement rénové. Ses nouveaux aménagements et son nouvel accrochage mettent en lumière une collection de 300 œuvres, objets et documents, retraçant la vie et le parcours artistique du peintre alsacien Jean-Jacques Henner (1829-1905). Plus que la simple visite, le musée propose un programme culturel (conférences, concerts..) et la possibilité de privatiser les salles pour des événements élégants. Je m’adresse aux curieux qui souhaitent sortir des sentiers battus culturels.

Jean-Jacques Henner est né le 5 mars 1829 à Bernwiller dans le Sundgau, au sud de l’Alsace. Il est le sixième et dernier enfant d’une famille de cultivateurs mi-rurale mi-bourgeoise. Il a cinq frères et sœurs et fait à de nombreuses reprises leurs portraits, notamment de Séraphin, Grégoire ou Marie-Anne. Plus tard, il prendra plaisir à peindre ses neveux Paul, Jules et Eugénie que l’on retrouve en Alsacienne tenant un panier de pommes. C’est en Alsace que Henner débute sa formation. Il prend des cours de dessin au collège d’Altkirch, la ville la plus proche de son village natal, auprès de Charles Goutzwiller qui encourage sa vocation pour le dessin. Il suit ensuite l’enseignement de Gabriel Guérin à Strasbourg avant de poursuivre, en 1846, ses études à Paris grâce à l’aide nancière du département du Haut-Rhin. Ses œuvres de jeunesse sont surtout des portraits, qui peuvent être des commandes tel celui du Sous-préfet d’Altkirch, Montaubin, et des scènes réalistes de la vie quotidienne où il représente ses proches comme Marie- Anne Henner barattant le beurre.

Après l’annexion de l’Alsace par l’Empire allemand en 1871, Henner opte pour la nationalité française mais conserve cependant des liens forts avec sa région d’origine dans laquelle il séjourne chaque année entre août et octobre. Il aime y peindre des paysages du Sundgau où l’on retrouve presque invariablement les buissons, le petit étang, la colline et le ciel à la tombée du jour.

Cinq années à Rome

En 1858, Henner remporte le Grand Prix de Rome de peinture avec Adam et Ève trouvant le corps d’Abel. Ce succès lui permet de séjourner cinq ans à Rome, à la Villa Médicis. Il fait le portrait d’autres pensionnaires : le sculpteur Henri Chapu, le musicien Samuel David et l’architecte Georges-Ernest Coquart. Il s’inspire de son nouveau cadre de vie avec, en 1860, Rome, terrasse de la Villa Médicis et réalise plusieurs vues du jardin.

Il se consacre avant tout à la préparation des tableaux qu’il doit envoyer chaque année à Paris afin que l’on puisse juger de ses progrès. Des esquisses évoquent ces envois : Le Pêcheur et le petit poisson, Le Christ en prison et La Chaste Suzanne.

Le peintre voyage dans une Italie en cours d’uni cation : de juin à octobre 1860, il part pour Florence en passant par l’Ombrie puis, au retour, par Parme, Venise et Milan et entre août et octobre 1862, il séjourne dans la région de Naples où il retourne en juillet 1864. Dans les musées, Henner réalise de nombreuses copies peintes : à Venise, plusieurs détails du Retour des Ambassadeurs de Carpaccio et à Florence, la Vénus d’Urbin de Titien.

Il se découvre également paysagiste. De petites dimensions et souvent sur papier, ultérieurement collés sur toile, les paysages ont vraisemblablement été réalisés sur le motif, qu’il s’agisse des environs de Rome pour Paysage d’Italie. Coucher de soleil ou de Naples pour la Vue du Vésuve.

Il représente souvent les paysans du Latium en costume traditionnel (Femme debout, tricotant), parfois dans des scènes qu’il a observées dans les rues.

Une carrière officielle

Jean-Jacques Henner a mené une carrière officielle couverte d’honneurs telle qu’un peintre pouvait la réussir dans la seconde moitié du XIXème siècle. Prix de Rome en 1858, membre de l’Institut en 1889, souvent acheté par l’État et médaillé au Salon où il expose chaque année, il est un artiste qui compte à la fin du XIXème siècle.

Autour du tableau qui l’a rendu célèbre, L’Alsace, nous pouvons découvrir au fil du musée Jean-Jacques Henner les toiles Elle attend (1871), Joseph Tournois (1865), La Femme au parapluie (1874), Le Sommeil (1880), Femme qui lit dite La Liseuse (1883), Solitude (1886), Saint Sébastien (1888) et Mme Séraphin Henner (1902). Sont aussi exposées des esquisses et répliques permettant d’évoquer d’autres œuvres qui ont marqué sa carrière : Idylle de 1872, Églogue de 1879, La Fontaine de 1880, La Source de 1881 ou Nymphe qui pleure de 1884. Après une brève incursion vers le naturalisme dont témoigne le portrait de Joseph Tournois, Henner, qui reste peintre d’histoire, s’oriente vers un style plus allusif et vers des sujets sans référence à un contexte précis comme La Liseuse ou Le Sommeil.

Jean-Jacques Henner a réalisé plus de quatre cents portraits dont beaucoup sont des commandes. Ceux qui sont venus dans son atelier nous montrent la société de son temps : l’astronome Jules Janssen, le député Gaston Marquiset ou Valentine About, la fille d’un écrivain… La peinture de portraits correspond au goût d’un artiste qui aimait se concentrer sur la physionomie d’un modèle.

Musée national Jean-Jacques Henner
43, avenue de Villiers, 75017 Paris
Tél. : + 33(0) 1 47 63 42 73
www.musee-henner.fr

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